Donner sa langue au chat : définition et origine de l’expression
Quand les mots, le savoir (ou les deux à la fois) nous manquent, il ne nous reste plus qu’un ultime recours : donner sa langue au chat !
Mais si nos amis félins en possèdent bien une, particulièrement râpeuse, que pourraient-ils bien faire d’une langue humaine, et pourquoi donc nous séparerions-nous de cet organe indispensable ?
Pour comprendre le lien entre nos compagnons à quatre pattes et notre plus précieux outil de parole, nous vous expliquons dans cet article l’origine, la définition et l’emploi de l’expression « donner sa langue au chat ». Bonne lecture !
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Définition de l’expression « donner sa langue au chat »
Sans doute l’une des expressions françaises que vous avez employées le plus tôt dans votre vie, « donner sa langue au chat » est une formule malicieuse, voire enfantine, qui trouve sa place dans un registre de langue courant.
L’expression est synonyme d’« abandonner », « renoncer », généralement face à une devinette, à une charade, à une énigme ou à tout autre type de jeu. Donner sa langue au chat signifie donc baisser les bras, s’avouer vaincu, et du même coup réclamer à son interlocuteur qu’il nous livre la réponse tant attendue à notre question initiale.
Bien que cette expression populaire soit connue du plus grand nombre, on la trouve parfois employée – bien que plus rarement – sous la forme « jeter sa langue au chat », avec une signification identique.
Origine de l’expression « donner sa langue au chat »
La signification de l’expression est bien connue, mais son origine l’est beaucoup moins. Par exemple, saviez-vous que l’animal auquel on fait référence n’était autrefois pas un chat, mais plutôt un chien ?
En effet, c’est à Madame de Sévigné que l’on attribue la naissance de cette locution. Elle avait coutume d’employer l’expression « n’être pas bon à jeter aux chiens » pour désigner des choses sans valeur, sans intérêt, dont même les chiens, habitués à attraper au vol des restes de nourriture, n’auraient pas envie si on leur lançait.
Par extension, « jeter sa langue aux chiens » signifiait, toujours sous la plume de Madame de Sévigné, ne plus ressentir suffisamment d’intérêt pour une question afin de daigner en chercher la réponse.
Comment le chat a-t-il pris la place du chien dans cette expression ? Deux causes sont envisageables. La première serait un basculement vers l’expression régionale « donner sa part aux chats », employée dans le sud-ouest de la France, qui recouvre la signification analogue de « renoncer, abandonner », et qui se serait répandue dans l’ensemble du territoire francophone au fil des siècles.
Une seconde hypothèse provient de l’idée que le chat, animal indépendant et mystérieux, serait un gardien de secrets idéal. D’après les termes d’Aurore Dupin, alias George Sand, « mettre quelque chose dans l’oreille du chat, c’était lui confier quelque chose qui devait rester secret, oublié ».
Puisque le chat, habituellement silencieux, observe les hommes et écoute les secrets des uns et des autres, son savoir est supposément immense. De ce fait, lui abandonner sa langue revient à l’inciter à prendre la parole pour nous livrer la vérité, ou a minima, nous donner la réponse à nos questions.
Quoi qu’il en soit, il est amusant de noter que cette expression est une particularité française, puisqu’on n’en trouve pas d’équivalent dans les langues étrangères : toutes ont recours à des formulations plus pragmatiques, reprenant les seuls verbes « abandonner » ou « renoncer », sans faire référence au moindre animal.
Et voilà ! Maintenant, vous ne donnerez plus votre langue au chat quand on vous demandera, lors d’un dîner mondain, l’origine et la signification de cette expression populaire.