« Maline » ou « Maligne » ?
« Maline » ou « maligne » ? On retrouve ces deux orthographes dans l’usage courant. On a alors du mal à nous décider sur laquelle des deux employer. Pour ne plus jamais douter, voici tout ce que vous devez savoir sur les termes « maline » et « maligne » !
Significations de « maline » et « maligne »
Influencée par leur homophonie, on a tendance à confondre ces deux mots. Pourtant, ils peuvent avoir des sens très différents selon l’usage.
- D’abord, il y a l’adjectif « malin » :
Initialement, ce mot vient du latin classique « malignus », qui est l’équivalent de « méchant » et « malus » qui veut dire « mauvais ». De par cette étymologie, il dénote la méchanceté. Avec le temps, son sens s’est élargi. On l’utilise aujourd’hui pour désigner quelqu’un de rusé, malicieux et plein de finesse.
Exemples :
« Je ne vois que trop, par le tour malin qu’on vous a joué, que vous n’y feriez que perdre du temps, de la peine et de l’argent. » – Mateo Alemán dans « Histoire de Guzman d’Alfarache »
« Malgré les malins sarcasmes de madame de Blainville, ce dîner me fit grand bien, et je me félicitai fort de ne m’y être pas refusé. » – Jean-Jacques Rousseau dans « Les Confessions »
- Puis, on qualifie également de « malin » une tumeur ou une maladie qui est susceptible de causer la mort.
Exemples :
« Lorsque l’organisme est en hypothermie, des complications majeures telles que le collapsus cardiaque et des arythmies malignes irréversibles peuvent entraîner la mort. » – Robert Patenaude dans « 24 Heures à l’urgence »
« Ivan Noble avait créé ce blog, le 12 septembre 2002, quelques jours après qu’une tumeur maligne eût été détectée dans son cerveau. » – Libération
Notre question est celle-ci : quel est donc le féminin de « malin » ? « maline » ou « maligne » ?
Les formes orthographiques « maline » et « maligne » sont toutes les deux admises en tant que féminin de « malin ».
- La règle grammaticale indique en effet l’utilisation d’un –g- lorsqu’on accorde « malin » au féminin. On écrit donc « maligne ».
Exemples :
« Leur adresse maligne a pu le lui ravir, et la réduit, par force, à ne plus le servir. » — Jean Chapelain dans « La Pucelle »
« Quelle puissance maligne m’avait fait ouvrir volontairement le précipice où je m’étais abîmé ? » – l’abbé Prévost, dans « Le Philosophe anglais »
« Plis d’angoisse au front, yeux de joie maligne encore, ligne des lèvres qui retombe en grimace, mais menton bien relevé qui se pointe en victoire. » – Michel Trépanier dans « Le pire n’est jamais sûr »
L’orthographe est devenue « maline » sans –g-, déformée par la prononciation au fil des années.
Exemples :
« Sur cela fondant ma raison, Pour guérir une soif maline, J’ai recours au bon vin comme à ma médecine… » – Olivier Basselin, dans « les Vaudevires ».
« Allez, allez, faites donc pas la maline, si vous ne savez pas qui je suis, je sais bien, moi, qui vous êtes. » – Madame Henri de La Ville de Mirmont dans « Contes de Noël »
« Vous dites cela pour badiner, vous êtes bien maline, Mameselle Génevieve. » – Carmontelle dans « L’Aubergiste »
« Avant d’aller faire les malines en banlieue, elles feraient mieux de construire leur programme politique. » – Libération
Il y a aussi le nom « maline ». C’est un substantif féminin qui signifie « marée de grande amplitude » et qui se produit lors de la nouvelle et la pleine nuit.
Exemples :
« Les grandes malines venaient de commencer, et la mer, en se retirant très loin, découvrait des bancs de sable vierge, des rochers que les estivants ne soupçonnaient pas, où on voyait les femmes du pays ramasser des huîtres. » – Georges Simenon dans « Marie qui louche »
Remarque
Pour faire la distinction entre « maline » et « maligne », le TLFi leur a donné des définitions différentes. Désormais, « maligne » est employé pour désigner quelqu’un qui aime faire du mal à autrui (méchant, mauvais). En revanche, on appelle « maline » une personne futée, rusée, qui fait preuve d’astuce et d’ingéniosité.
Exemples :
« C’est une charge imposée par le travail et l’amour-propre sur la maligne oisiveté des lecteurs de brochures… » – Victor Riqueti, marquis de Mirabeau dans « L’Ami des hommes »
« Il était de bonne foi quand il s’indignait des insinuations malignes qu’à partir de l’École des Femmes ses ennemis allaient répandant sur sa religion. » – Charles Augustin Sainte-Beuve dans « Portraits littéraires », tome II
« J’ai déjà eu envie de partir d’Argentine mais Buenos Aires est une fille maline qui sait me retenir. » – L’Express.fr
« Mais chaque génération se croit plus maline et intelligente que celle qui suit. » – Le Monde.fr
Nous avons vu ensemble les définitions et les règles d’usage des mots « maline » et « maligne ». Maintenant, vous êtes capable de faire la différence quant à l’utilisation de ces deux termes. Si par hasard vous avez des questions concernant cet article ou autre, on vous écoute dans les commentaires !